Les ambitions gouvernementales sont désormais revues à la baisse sous la pression budgétaire. L’Anah annonce la réouverture des guichets, pour tous, dès janvier 2026, mais dans un cadre davantage maîtrisé. Entre adaptations et frustrations, l’écosystème de la rénovation tente de s’ajuster. 200.000 rénovations d’ampleur par an. Des gouvernements pas si lointains ont longtemps brandi cet objectif C’était même la première marche pour approcher du million de rénovations dès la fin de la décennie et au-delà, espérer atteindre la neutralité carbone dans le résidentiel. On en est loin. Dans une communication l’Anah annonce pour 2026, un budget global de près de 4,6 milliards d’euros, dont près de 4,4 milliards d’euros d’aides à destination des ménages, sous réserve de l’adoption du projet de loi de finances par le Parlement. Cela paraît élevé, mais c’est en dessous des objectifs naguère affichés. 120.000 RÉNOVATIONS D’AMPLEUR EN 2026 Alors que la rénovation d’ampleur semblait -enfin- prendre son envol, l’État lui coupe les ailes. Le guichet MaPrimeRénov’ avait été suspendu durant trois mois puis le nombre de dossiers limité à 13.000 sur le dernier trimestre. Pour janvier, l’Anah annonce une réouverture « à tous les ménages », mais « dans un cadre maîtrisé ». La rénovation d’ampleur coûte cher, la réouverture du guichet « s’inscrira dans une logique de responsabilité budgétaire ». Ce souci budgétaire transparaît dans l’ajustement des objectifs. On est loin des 200.000 rénovations globales annuelles longtemps escomptées, l’Anah se « contente » désormais de « au moins 120.000 rénovations d’ampleur ». A peine un peu plus que la tendance actuelle : avant la fermeture brutale du guichet, l’Anah avait enregistré au premier semestre 53.000 rénovations d’ampleur, dont 18.000 logements en copropriété. L’objectif de 120.000 semble même manquer d’ambition au regard du stock important de dossiers en attente de traitement et de paiement sur 2026. POMPES À CHALEUR FAVORISÉES, ISOLATION SACRIFIÉE Si la rénovation d’ampleur reste au cœur du scénario de l’Anah, la rénovation « par geste » semble, elle, nettement moins soutenue. Une perspective qui inquiète fortement les artisans du bâtiment. Lors de son conseil d’administration, en début de semaine, l’Anah a fixé pour objectif « au moins 150.000 rénovations ». C’est en dessous de la tendance actuelle : au premier semestre 2025, dernier bilan disponible de l’Anah 103.500 rénovations par geste avaient été enregistrées. Dans ce nouveau paysage, le grand gagnant apparaît -encore- la pompe à chaleur qui bénéficie aussi d’un bonus des CEE. En repoussant l’obligation de DPE d’un an, on ferme aussi les yeux sur son installation dans les passoires énergétiques. Le grand perdant, en revanche, est clairement identifié : l’isolation des murs, par l’intérieur ou par l’extérieur. Longtemps l’un des principaux gestes financés par MaPrimeRénov’, ce monogeste disparaîtra des chantiers soutenus par l’Anah à compter du 1ᵉʳ janvier, malgré la vive opposition des fédérations du bâtiment. Seule l’isolation des murs intégrée à une rénovation d’ampleur restera éligible. Sauf rétropédalage sous la pression des fédérations du bâtiment, l’isolation des murs disparaît durablement, mais la situation apparaît à peine plus sereine pour les autres aides. L’Anah est à sec, et la loi de finances toujours pas adoptée. Or sans budget, pas possible d’engager de nouvelles dépenses. Vincent Jeanbrun, le ministre du Logement, a prévenu en début de semaine, sans budget, le guichet restera fermé après le 1er janvier 2026.