Avec 1,3 million de logements à rénover d’ici 2034, les bailleurs doivent accélérer la cadence. Si cette rénovation répond à un souhait des locataires, elle est aussi souvent source de contentieux selon la dernière enquête de l’association CLCV (Consommation, Logement et Cadre de Vie) : entre manque de concertation, chantiers à rallonge et des résultats en dessous des espérances. Cinquante-trois ans de moyenne d’âge, le parc HLM apparaît vieillissant. Une bonne part de ces immeubles est sortie de terre à l’époque des Trente Glorieuses, l’âge d’or des passoires thermiques, lorsqu’il fallait construire pour répondre à une démographie galopante et où on ne se souciait pas de la performance énergétique. Et les locataires le ressentent. Pour la CLCV près de 46% des répondants à sa dernière enquête jugent leur résidence en « mauvais » voire « très mauvais » état. Un constat partagé par l’enquête de l’Ancols nationale de contrôle du logement social) dévoilée en début d’année : le mauvais état et la vétusté y apparaissent comme le premier motif d’insatisfaction devant le mauvais isolement. 2034: LE COMPTE À REBOURS EST LANCÉE La rénovation énergétique n’est pourtant plus une option. Environ 6% du parc social est classé comme passoire thermique selon les estimations officielles. Quelques dizaines de milliers de logements flanqués d’un G sont déjà théoriquement interdits à la location et 300.000 à 400.000 logements classés en F eux aussi promis au même sort dès le 1er janvier 2028. Si on ajoute la classe E, à horizon 2034, c’est 1,3 million de logements en sursis qui doivent être rénovés. Le compte à rebours est déjà lancé. Pourtant, la rénovation semble avoir du mal à enclencher la vitesse supérieure dans le parc social. Toujours selon l’enquête CLCV, « les locataires constatent une baisse du nombre de réhabilitations et de travaux, avec seulement 18,3% des répondants indiquant la mise en œuvre d’une réhabilitation récente pour leur résidence ». Ce n’est pas seulement une question de gros sous. L’Ancols l’évoque dans son rapport 2025 : presque deux tiers des bailleurs (63%) disposent d’une capacité satisfaisante pour financer les travaux de rénovation énergétique, mais seulement 30% ont la capacité opérationnelle pour mener à bien les opérations de rénovation énergétique. Manque de financement pour certains, manque de moyens pour beaucoup, la programmation de travaux prend du retard. DES CHANTIERS ATTENDUS… PAS TOUJOURS BIEN VÉCUS Cette rénovation reste cependant attendue. Trois quarts des répondants à l’enquête CLCV estiment que leur résidence nécessite de lourds travaux compte tenu de la qualité du bâti. Pourtant lorsque ceux-ci sont enfin engagés, ils deviennent souvent une source de contentieux. « Pour 66,5% des répondants, les travaux ont été réalisés dans de mauvaises conditions, dont 31,4% estimant que les conditions ont été très mauvaises.» L’association évoque à la fois des chantiers très longs (59% ont duré plus d’un an dont 29,5% plus de trois ans), mais aussi un gros manque d’écoute. « Ces mauvaises conditions concernent le résultat des travaux (…), mais aussi les méthodes d’information et de concertation du bailleur envers les locataires, et le suivi des chantiers.» Une fois achevée, la rénovation apparaît aussi une source de frustration avec des améliorations qui ne sont pas toujours clairement ressenties, et un impact financier qui lui n’avait peut-être pas été pressenti. Synonyme de factures énergétiques réduites, cette rénovation énergétique peut aussi être mal vécue lorsqu’elle s’accompagne d’une hausse des loyers (jusque 5% sans tenir compte de l’indice de référence des loyers annuels) et d’une contribution forfaitaire. En euros sonnant et trébuchant, les sommes peuvent apparaître fort modestes, mais pour des locataires du parc social dont plus d’un tiers vit sous le seuil de pauvreté, la CLCV retient « un effort conséquent ».