Dans l’imaginaire collectif, l’amiante se résume souvent aux tôles fibrociment. L’Union française des miroitiers rappelle combien il peut prendre d’autres formes comme les anciens mastics vitriers. La fédération alerte sur le risque d’exposition à l’amiante lors de travaux qui peuvent sembler anodins comme le remplacement ou la réparation d’un vieux vitrage. En théorie, un repérage amiante avant-travaux (RAT ou RAAT) est exigé dès que quelqu’un intervient dans un bâtiment d’avant 1997. Même pour des petits travaux d’apparence inoffensifs comme le remplacement d’une fenêtre cassée ou d’une menuiserie ancienne. En pratique, ce repérage est entré dans les mœurs de la maîtrise d’ouvrage professionnelle publique et privée. Mais sur les petits chantiers du quotidien, notamment chez le particulier, il passe encore très (trop) souvent à la trappe. Avec tous les risques d’exposition que cela suggère pour les artisans ou les occupants. D’où l’alerte lancée en novembre par l’Union française des miroitiers à l’adresse des professionnels du bâtiment et des particuliers. « Les mastics vitriers et joints antérieurs au 1er juillet 1997 sont susceptibles de contenir des fibres d’amiante, rappelle-t-elle dans une fiche conseil récemment éditée Une intervention inappropriée sur ces matériaux peut libérer des fibres d’amiante dans le local, en quantités supérieures aux seuils réglementaires. » Pour éviter toute contamination, l’Union française des miroitiers rappelle la réglementation. Dans un bâtiment avec un permis de construire délivré avant le 1er juillet 1997, le repérage avant-travaux est un passage obligé. Même lorsque le constat vente ou le DTA (Dossier technique amiante) ne mentionnent pas la présence d’amiante. Et si l’amiante est diagnostiqué dans le mastic, il faudra alors faire appel à un professionnel bénéficiant d’une formation spécifique (dite « sous-section 4 ») qui lui permet d’intervenir en toute sécurité. La responsabilité incombe au maître d’ouvrage, même s’il s’agit d’un client particulier, souligne l’Union française des miroitiers. PLUS DE 3.000 MATÉRIAUX ET PRODUITS AVEC DE L’AMIANTE Cette petite piqûre de rappel est aussi une façon d’alerter sur un risque souvent négligé bien qu’il reste omniprésent dans le bâti ancien d’avant 1997. L’amiante ne se résume pas au fibrociment des toitures et conduits de cheminées, il peut prendre de nombreuses autres formes. Paré de vertus innombrables (léger, isolant, imputrescible, résistant au feu), l’amiante a été glissé partout dans plus de 3.000 matériaux et produits : dans les enduits, les colles, les ciments, les peintures, les joints, les calorifugeages, des dalles de sol, etc. Y compris parfois des produits où on ne s’attend pas à le trouver. On estime aujourd’hui que des millions et des millions de tonnes de matériaux et produits amiante dorment toujours dans le parc résidentiel et tertiaire. Forcément vieillissants puisque l’amiante est interdit depuis 1997, mais toujours aussi nocifs. Et peut-être davantage encore avec le temps car même l’amiante n’est pas éternel et le risque qu’il libère ses fibres hautement toxiques ne fait que s’accroître au fil des années.