Il y a ce que le DPE ou l’audit énergétique annoncent, il y a ce que la réalité dit. Quelles économies réalise-t-on vraiment quand on isole sa maison ? L’Observatoire national de la rénovation énergétique (Onre) a planché sur la réelle efficacité des travaux d’isolation thermique dans la maison individuelle. Résultat : le gain est loin, très loin, d’être à la hauteur des économies théoriques estimées. Isoler, toujours isoler, encore isoler. Pas de rénovation digne de ce nom sans isolation thermique, c’est même la première étape avant de songer à une pompe à chaleur. Jusqu’à présent, la littérature restait toutefois assez pauvre sur l’efficacité de ces travaux largement subventionnés. A partir des données issues des compteurs communicants (Gazpar et Linky) et des subventions accordées via MaPrimeRénov’ ou les CEE, l’Onre a épluché les consommations de gaz et d’électricité avant et après travaux sur un échantillon de 80.000 maisons individuelles. Conclusion : les gains énergétiques apparaissent décevants. En moyenne, la consommation globale d’électricité baisserait de 5,4 % pour les logements chauffés à l’électricité, tandis que la consommation de gaz diminuerait de 8,9 % dans les logements chauffés au gaz. CHANGER DE MENUISERIES, UN IMPACT LIMITÉ Tous les gestes d’isolation ne se valent pas cependant. « L’essentiel de ces gains provient des gestes d’isolation des murs, planchers, combles et toitures, expliquent les auteurs du rapport Pour l’isolation des fenêtres et portes-fenêtres, (…) l’effet est faible sur le gaz pour les logements chauffés au gaz et non significatif sur l’électricité pour les logements chauffés à l’électricité. » Le remplacement des menuiseries, souvent premier geste consenti par les ménages, ne serait donc pas des plus efficaces en termes d’économies d’énergie. Mais quel que soit le poste, on reste surtout très loin des estimations théoriques après travaux délivrées par les DPE ou les audits énergétiques. On le savait, mais l’étude de l’Onre piloté par le ministère de la Transition écologique creuse le fossé entre théorie et réalité. -5,4% pour les logements chauffés à l’électricité, – 8,9% pour ceux au gaz « ces économies d’énergie représentent en moyenne 36 % des économies énergétiques théoriques pour l’électricité et 47 % pour le gaz ». Même pas la moitié des économies annoncées. Cela se traduit aussi sur la facture des ménages, l’économie reste modeste : 114 euros par an pour les ménages chauffés à l’électricité, 91 euros pour ceux chauffés gaz. Ce n’est pas négligeable, mais cela apparaît tout de même faible par rapport à l’investissement consenti. PLUS LE LOGEMENT EST ÉNERGIVORE, PLUS LE GAIN EST IMPORTANT Bien sûr, il s’agit de moyennes. Tout dépend des travaux d’isolation mis en œuvre, tout dépend du logement aussi. Dans les logements les plus énergivores, l’économie apparaît plus flagrante, avec une consommation qui baisse de 9,2% en moyenne pour les logements chauffés à l’électricité, et même de 16,6% pour ceux au gaz. Le rapport confirme ainsi l’intérêt à agir en priorité sur les passoires énergétiques où les gains apparaissent plus conséquents. A l’inverse, dans les logements où la consommation était déjà faible, le rapport relève parfois une légère hausse de la consommation, sans doute inspirée par l’effet rebond : après travaux, les ménages ont souvent tendance à augmenter leur confort de chauffe. L’étude remet ainsi quelques pendules à l’heure en livrant un début de réponse sur l’efficacité réelle et non plus présumée des travaux de rénovation énergétique. Avec en toile de fonds cette question lancinante -soulevée entre autres par la Cour des comptes sur l’efficacité réelle des aides engagées, MaPrimeRénov’ en tête.