L’IA ne remplacera pas l’homme, mais elle peut être précieuse pour massifier la rénovation énergétique. La start-up Kelvin et son IA co-développée avec le CSTB accompagnent ainsi les professionnels pour estimer la performance énergétique d’un bâtiment, pour évaluer le potentiel de rénovation et d’économies d’énergies, mais aussi pour proposer des solutions de travaux. Le constat est largement partagé. « Aujourd’hui, lorsque le particulier décide de réaliser des travaux de rénovation énergétique, c’est un peu le parcours du combattant », observe Clémentine Lalande, co-fondatrice de la start-up Kelvin. Entre l’administratif, le financier, le technique, le particulier peut vite s’y noyer. Davantage encore dans un dispositif de rénovation qui ne cesse de bouger. L’ambition de Clémentine Lalande et de ses collègues est de simplifier la vie de tous les acteurs de la rénovation, pour répondre, justement, à l’enjeu de massification sans pour autant perdre en qualité. L’IA Kelvin permet ainsi d’évaluer la performance énergétique d’un logement, les travaux nécessaires pour améliorer sa classe DPE et les économies d’énergie et financières réalisées par le ménage. Tout ça à distance, sans se déplacer. L’IA PRÉPARE LE TERRAIN Pour établir une estimation de la performance énergétique, l’outil s’appuie à la fois sur les données géostatistiques, une modélisation 3D et une bonne dose d’intelligence artificielle. Clémentine Lalande explique : « je rentre une adresse, Kelvin va fournir une estimation de la performance énergétique à partir d’un DPE déjà réalisé grâce à l’Observatoire de l’Ademe, ou d’une prédiction à partir du bâti environnemental, de la surface, du quartier, etc. » Toute la data disponible est exploitée pour mieux connaître le bien. Que valent les estimations de l’IA Kelvin ? Selon Clémentine Lalande, Kelvin voit très souvent juste. « L’écart est plus important entre les logiciels du diagnostic. » Pour autant, assure la jeune femme, Kelvin n’a aucune vocation à concurrencer le DPE ou même les logiciels du diagnostic. Encore moins à remplacer les diagnostiqueurs immobiliers. « La réglementation exige une visite de terrain, explique Clémentine Lalande, elle-même certifiée DPE. Mais Kelvin peut être une nouvelle manière d’outiller les diagnostiqueurs pour préparer le terrain et avoir une idée de savoir où ils mettent les pieds. Dès le premier contact avec le propriétaire au téléphone, à partir de données, il est déjà possible d’avoir une idée assez juste de la performance énergétique du bien.» Lors de sa visite de terrain, le diagnostiqueur dispose ainsi de nombreuses informations qu’il n’aura plus qu’à vérifier. Il sait où il met les pieds. Derrière c’est un gain de temps, c’est une optimisation des moyens. FACILITER LA COLLECTE DE DONNÉES ET LEUR ANALYSE Réduire Kelvin a un simple simulateur, un énième du genre, ne serait pas juste. L’IA Kelvin est aussi précieuse dans la recommandation de travaux. D’ailleurs parmi ses clients, la start-up compte des Accompagnateurs Rénov’, des auditeurs énergétiques, ou des espaces France Rénov’. « Dès le premier contact, en quelques minutes, Kelvin est capable de fournir un ordre de grandeur sur le coût d’une rénovation et ses gains, grâce à des modèles qui reconstruisent le logement pour aboutir à une approximation. » Kelvin permet ainsi de mixer les différents scénarios de travaux pour trouver celui qui fait du sens, en changeant tous les paramètres pour optimiser l’investissement et la rénovation. Tout en évitant des erreurs. « Par exemple, si l’IA a détecté que vous étiez dans le périmètre d’un monument historique, du coup, la recommandation d’une PAC extérieure n’est pas valable», explique Clémentine Lalande. Lancée en 2023, la start-up basée entre Paris et Nantes, compte aujourd’hui une trentaine de clients. Avec des motivations diverses. Pour la prospection commerciale, pour préparer le terrain, pour aider les scénarios de rénovation, pour accompagner les professionnels de l’immobilier, pour les investisseurs souhaitant anticiper les travaux, l’IA peut transformer l’actuel paysage de la rénovation énergétique. Clémentine Lalande en est convaincue. « L’IA peut apporter un gain de performance en supprimant des tâches répétitives. La technologie peut faciliter la collecte de données et leur analyse, tout en laissant la main au professionnel sur le conseil. C’est notre vision. »