Alors que L’État envisage de faire reposer le coût de la rénovation énergétique sur les CEE plutôt que MaPrimeRénov’, l’UFC-Que Choisir monte au créneau. Dans une étude publiée en octobre l’association estime que le dispositif est déjà trop onéreux pour les particuliers. Et les ambitions gouvernementales risquent encore d’alourdir la charge qui pèse sur les ménages dès 2026. Sur le papier, on y voit une économie pour les finances publiques. Pour soutenir la rénovation d’ampleur et atteindre les objectifs de décarbonation, sans alourdir son budget, l’État compte désormais sur les CEE (Certificats d’économie d’énergie) plutôt que sur MaPrimeRénov’. L’ambition est là, mobiliser davantage le privé que le public. Mais derrière cette logique budgétaire, se cache une réalité moins reluisante. Le dispositif des CEE repose sur une obligation imposée aux fournisseurs d’énergie et de carburants – EDF, Engie, Total, ou encore les grandes enseignes de distribution – de financer des actions d’économies d’énergie. Ces entreprises répercutent naturellement le coût sur leurs clients. 164 EUROS PAR FRANÇAIS, EN MOYENNE Selon l’Inspection générale des finances publiques (IGF), les ménages en supportent 70%, le reste étant supporté, en majeure partie par le secteur tertiaire. Résultat des courses : les CEE représenteraient déjà entre 3 % et 4,5 % de la facture annuelle d’énergie des ménages. Entre le plein de carburant, la facture de chauffage, celle d’électricité, chaque Français aurait contribué à hauteur de 164 euros en 2023, selon un rapport de la Cour des comptes publié en 2024. On parle bien sûr d’une moyenne. La contribution peut aller du simple au double d’un ménage à l’autre : de 124 à 244 euros selon l’UFC-Que Choisir entre un ménage citadin qui use peu de son véhicule et vit en appartement et une famille en maison individuelle à la campagne. En résumé, plus on consomme, plus on paye. L’association tire la sonnette d’alarme alors que l’État s’apprête à rehausser (encore) le niveau d’obligation pour les fournisseurs d’énergie. Plus de certificats et inexorablement, la facture des ménages augmentera encore. « En effet, compte tenu des annonces récentes du Gouvernement prévoyant d’augmenter de 25 % la contribution des CEE au financement des travaux d’efficacité énergétique, de fortes augmentations des factures énergétiques des ménages sont à redouter dès 2026 », s’alarme l’association consumériste UN DISPOSITIF OPAQUE ET À L’EFFICACITÉ CONTESTÉE C’est d’autant plus dommageable que le mécanisme des CEE reste souvent très obscur aux yeux des Français, avec des effets réels sur la décarbonation difficiles à mesurer. Les économies d’énergie associées aux certificats reposent sur des modèles théoriques, sans garantie de résultats concrets sur le terrain. Comme la Cour des comptes à l’automne 2024, l’association réclame donc une« profonde et rapide réforme » du dispositif. L’UFC Que Choisir souhaite « stopper l’inflation de la composante CEE dans les factures des ménages », mieux informer les consommateurs et revoir les modalités de calcul. «Sans une réforme en profondeur du dispositif, des millions de ménages continueront de financer des travaux de rénovation et programmes d’accompagnement qui ne garantissent pas la réalisation d’économies d’énergie réelles, déclare Marie-Amandine Stévenin, Présidente de l’UFC-Que Choisir. La réforme à opére, doit permettre de donner de la transparence, de l’équité, de la lisibilité et de l’efficacité à ce dispositif trop coûteux et opaque pour les consommateurs et consommatrices.»